updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

Game of thrones: le viol qui fait scandale

Une scène de viol dans le troisième épisode de la saison 4 de Game of Thrones a déclenché une polémique aux Etats-Unis. A priori la violence gratuite qui émaille cette série n'aurait pas dû émouvoir un public déjà bien habitué aux scènes de meurtres et de sexe, mais c'est le commentaire du réalisateur Alex Graves qui a mis le feu aux poudres. Coup de pub ou coup bas, les médias anglo-saxons n'en finissent plus de décortiquer l'affaire.

La scène incriminée ne serait pas vraiment un viol puisque selon Alex Graves, "ça devient consenti à la fin car tout ce qui les (les protagonistes Jaime et Cercei, ndlr) concerne débouche sur un truc excitant, particulièrement quand il s’agit d’une lutte de pouvoir. (…). C’est une de mes scènes préférées". Ce n'est pas la première fois qu'une fiction met en scène un viol, mais suggérer comme le fait le réalisateur qu'en fait, la femme prend finalement du plaisir à coucher avec son violeur alors même qu'elle crie "non" ne peut que renforcer l'idée que le consentement des femmes importe peu, et que le non se transforme en oui.

La polémique a continué d'enfler après que l’auteur des romans Game of Thrones, George R. R. Martin lui-même, a rappelé que cette scène de viol n'existe pas. Se pose alors la question de l'intérêt narratif: pourquoi ajouter une scène de viol qui n'amène rien à l'histoire?

Certain-e-s expert-e-s notent que les series multiplient le recours à ce type de scène: House of Cards, Mad Men, Downtown Abbey, Scandal, Top of the Lake entre autres intègrent des scènes de viol, l'utilisent comme technique narrative avec plus ou moins de réussite. Interrogée par le magazine Time sur la cause de cette prolifération, Lisa Cuklanz, professeur au Boston College et auteure de Rape on Prime Time explique que les femmes violées dans ces séries sont "des personnages féminins qui sont perçus comme froids, sans pitié, calculateurs. Ils ne sont pas aimés voire sont haïs du public. Savoir qu’ils ont été victimes de violence sexuelle tend à les humaniser". En gros, l'amalgame viol-punition serait ici légitimé.

Une autre explication de cette recrudescence de la représentation des viols dans les séries viendrait du fait que les scénaristes intègreraient les débats de société actuels à leur écriture.Toujours est-il que donner une touche hollywoodienne à une scène de viol reste délicat surtout auprès d'un public peu conscientisé. La production en tous cas doit se frotter les mains devant cette publicité gratuite.

Image tirée de la scène