Vendues pour 12 dollars
- Écrit par Nathalie Brochard
«J’ai enlevé vos filles»… C’est ainsi que commence la déclaration d’Abubakar Shekau, chef du groupe extrémiste Boko Haram, dans une vidéo que s’est procurée l’AFP. Il parle des 276 lycéennes enlevées le 14 avril dernier dans leur établissement de Chibok (nord-est), dans l’état de Borno au Nigéria. Sur les 276, 223 sont toujours retenues, 53 ont pu s’enfuir. Malgré les manifestations le week-end passé organisées par les familles de ces jeunes filles, les autorités nigérianes avouent leur impuissance et demandent l’aide de l’étranger.
«Je vais les vendre sur le marché, au nom d’Allah» poursuit Shekau, confirmant les pires craintes des parents qui disent que des rumeurs d’un transfert des adolescentes au Tchad et au Cameroun où elles seraient mariées de force. Il continue son discours en disant que «l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l’école) et vous marier» et il précise garder «des gens comme esclaves». Son obsession c’est l’éducation occidentale qu’il veut éradiquer (Boko Haram signifie d’ailleurs «l’éducation occidentale est un péché» en langue haoussa) et la création d’un Etat islamique qu’il revendique dans le nord du Nigeria.
Depuis le début de son insurrection en 2009, le groupe extrémiste a déjà fait plusieurs milliers de morts au cours d’attaques visant des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l’Etat. Cette fois, les femmes sont spécifiquement visées. La population est d’autant plus choquée qu’elles sont jeunes, que l’enlèvement concerne plus de 200 personnes et que le sort qui les attend est l’esclavage. Autant dire que la pratique barbare est d’un autre âge.
Pour les familles, les autorités nigérianes n’ont rien fait depuis trois semaines. Dans une interview télévisée, le président Goodluck Jonathan explique pour sa part que toutes les familles ne sont pas venues déclarer les identités des filles disparues et de fait, leur nombre n’est pas encore certain. Par ailleurs, il a fait appel à l’aide des Etats-Unis, de la France et de la Chine pour retrouver les lycéennes. En attendant leur sort est extrêmement préoccupant et chaque jour qui passe réduit les chances de les libérer.