Une fresque au CHU fait polémique
- Écrit par Nathalie Brochard
Une fresque murale dans la salle de garde de l’hôpital universitaire de Clermont-Ferrand représente un viol collectif dont la ministre de la santé française Marisol Touraine serait la victime. L’association Osez le féminisme ! monte au créneau.
Lundi matin, sur la page Facebook «Les médecins ne sont pas des pigeons», une photo d’une salle de l'internat de Clermont-Ferrand où l'on voit une femme se faire agresser a été postée. Sous les traits de Wonder Woman, la ministre est violée par d’autres super-héros de comics américains. La scène dessinée comporte des dialogues violents en lien avec le projet de loi portée par Madame Touraine. Celle-ci s’est déclarée profondément choquée et voit dans ce procédé une «incitation au viol inacceptable».
Dans un communiqué, Osez le féminisme ! demande au Conseil de l’ordre des Médecins de réagir au plus vite, de faire supprimer cette fresque et de sanctionner ceux qui en sont responsables. Pour l’association, «des -futurs- médecins y utilisent la représentation d’un viol pour montrer leur mécontentement vis-à-vis d’une Ministre et de sa loi». Selon elle, «Le viol est une technique machiste d’anéantissement des femmes. Pour les auteurs de ces bulles, une ministre, c’est avant tout une femme : un sous-être que l’on peut punir, dominer et s’approprier si elle mécontente leurs désirs - ou leurs revendications politiques».
Pour se défendre, les internes mettent en avant l’esprit carabin (traduction : humour salace, lol) qui justifie cette œuvre picturale. Selon leurs syndicats, il ne s’agit pas ici d’un viol mais d’une «scène d’orgie», nuance donc. Et c’est bien connu, les féministes sont incapables de comprendre ce qu'est l’humour…Quant à Jean-Sébastien Laloy, l’avocat du syndicat des internes de médecine de Clermont-Ferrand, cette fresque aurait été peinte quinze ans en arrière, seuls les dialogues incriminés auraient été ajoutés ce week-end.
Si le post a, lui, été effacé dès lundi, et dans la foulée, la fresque, l’affaire n’en reste pas là. Le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a condamné sans réserve cette représentation et a demandé à la direction du CHU de prendre des mesures. Cette dernière va engager des poursuites «disciplinaires, voire judiciaires à l’encontre du ou des auteurs présumés responsables de ces agissements inacceptables». Selon la direction, ce dessin et ces bulles «relaient une image dégradante des femmes et des médecins en opposition totale à l’éthique et à la déontologie médicale.»
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