Quatre femmes tuées en 48 heures
- Écrit par Nathalie Brochard
Suite à la marche de samedi dernier à Madrid contre les violences faites aux femmes, quatre nouvelles victimes sont à déplorer. Ces assassinats commis en l’espace de 48 heures obligent les autorités à trouver de nouvelles pistes afin de lutter contre une violence de genre endémique en Espagne.
Les 400 organisations féministes à l’initiative de la marche du #7Nfeminista à Madrid pensaient pourtant faire bouger les choses. Les quelque 500'000 participant-e-s (plusieurs dizaines de milliers selon la police) qui avaient relié le Paseo del Prado à la Plaza de España réclamaient un «pacte d’Etat» pour traiter la violence de genre. Profitant de la campagne électorale avant les législatives du 20 décembre, les associations féministes ont réussi à attirer les candidats de plusieurs partis politiques dont le socialiste Pedro Sanchez et Pablo Iglesias de Podemos. Le premier a même rappelé que juste après son élection à la tête du PSOE, il avait visité un foyer de femmes victimes de violences conjugales et qu’il se joignait à la marche pour «honorer la mémoire de 800 femmes assassinées mais également des enfants restés orphelins suite à cela ou tués par le conjoint ou l’ex-conjoint de leur mère». Pablo Iglesias a fustigé pour sa part les coupes dans les budgets consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes. Les partis de droite ont été contraints de se positionner eux aussi, la problématique s’inscrivant dans les agendas de chaque candidat-e.
D’autant plus qu’à peine les dernières banderoles pliées, la liste des victimes s’allonge. Le lendemain, une femme était tuée à Cordoue, deux à Valence et une autre à Vigo. Suzana Diaz, la présidente de la communauté autonome d’Andalousie qui participait hier au Congrès pour l’étude des violences faites aux femmes à Séville a parlé de «dimanche tragique» et de «terrorisme machiste» pour qualifier ces crimes. Face au problème, elle a prôné la prévention et l’éducation insistant sur le caractère urgent des réponses à donner. L’Espagne jusque-là citée en exemple par le Conseil de l’Europe, avec l’adoption dès 2004 d’une loi contre les violences faites aux femmes, doit revoir son modèle. Force est de constater que l’arsenal mis en place, tel que le numéro de téléphone d’urgence qui n’apparaît pas dans la facture de téléphone, l’assistance juridique gratuite, les mesures d’éloignement ou les foyers d’accueil pour les victimes ne suffisent pas à empêcher les passages à l’acte des compagnons violents. Face aux drames à répétition, les responsables politiques sont forcé-e-s de prendre en compte les revendications vitales des femmes espagnoles, les féministes étant, de leur côté, bien décidées à ne rien lâcher sur le sujet.
Photo, Twitter #7NFeminista