LE MOUVEMENT
chronique féminista-voyageuse
Le patron est une femme
15-01-2015 Joëlle Rebetez
HAGURUKA UHANGE LTD. «C’est le nom que j’ai choisi pour mon entreprise, explique Fatuma Uwimana. Car mon entreprise, c'est ma vie et "haguruka uhange", ma philosophie de vie.» Huguruka uhange,...
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Road feminism
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A l'imprimerie
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Une photo en hommage à la jeune trans* Lelaah Alcorn qui s’est suicidée en 2014, a été détournée par un parti italien d’extrême-droite, Fratelli d’Italia (Frères d’Italie, ndlr) qui l’a utilisée sur un de ses tracts dénonçant l’enseignement du genre dans les écoles. Rose Morelli, la photographe britannique, auteure de la photo a porté plainte.
Lorsqu’elle prend son ami Alex Elliott en photo, Rose Morelli exprime d’abord son émotion face au geste désespéré de Lelaah Alcorn et poste le cliché sur les réseaux sociaux pour que ça n’arrive plus jamais. Sur Facebook, elle poste un message pour accompagner son image : «En réponse à l'adolescente trans* Leelah Alcorn qui a été forcée de faire une thérapie de conversion par ses parents – une réponse un peu tardive, mais toujours un problème incroyablement d'actualité. Dans le but de représenter les luttes et le mépris que les ados trans* doivent subir dans la société». Interrogée par la BBC, Rose Morelli explique avoir été choquée par le détournement fait de sa photo. Pour elle, «la dernière chose que nous voulions était de faire du mal aux membres de la communauté LGBT. Découvrir que c'était utilisé contre eux de façon si malintentionnée était horrible». De leur côté, les associations LGBT qualifient l’instrumentalisation faite de l’image par le parti d’extrême-droite, d’«insulte».
Les Fratelli d’Italia, eux, affirment que l’image est libre de droits: en effet, sur le compte Flickr de Rose Morelli, la photo intitulée The Plight of the Transgender (le calvaire d'un transgenre, ndlr) est sous licence Creative Commons et peut donc être utilisée sous certaines conditions notamment en citant l'auteure et en n’intervenant pas sur l'image. Sur Twitter, le parti a reconnu l’utilisation inappropriée du cliché et a prétendu ne pas vouloir offenser la mémoire de Lelaah. Pour autant, il maintient sa position par rapport à l’enseignement du genre à l’école. Précisons que les Fratelli d’Italia n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de détournement d’image puisqu’ils s’étaient déjà illustrés en utilisant une photo d’Olivero Toscani (connu pour ses publicités pour Benetton) pour dénoncer l’homoparentalité.
Photo, le tract de Fratelli d'Italia avec le cliché détourné de Rose Morelli
Des femmes en moto qui se réunissent dans cette même passion le temps d'un week-end, c'est l'objectif défendu par le 'Babes Ride Out', évènement girls only organisé chaque octobre en Californie. C'est aussi prouver qu'elles ont leur place dans ce milieu encore très masculin. Mais la transgression de genre s'accompagne malheureusement de vives réactions de la part de ceux qui ne supportent pas qu'elles puissent s'amuser sans mecs dans les parages...
"Too bitchy for the bitch seat" - Tout se résume dans cette punchline, brodée sur un patch qui ornerait à merveille le denim d’une bikeuse. Réappropriation du stigmate : en rapport avec la sissy-bar, le fameux dossier du siège arrière réservé à la compagne du biker. Tout comme pour le nom babes. Cette fois, elles sont aux commandes et elles le prouvent.
Et c’est bien de cela qu'il est question dans cet évènement girls only, réunissant des rideuses des quatre coins des Etats-Unis dans le désert de Californie via les réseaux sociaux. Elles bricolent, elles se salissent les mains, elles roulent des kilomètres, elles sentent la transpiration et le bitume, la bière et la clope : elles se rejoignent le temps d’un week-end pour partager cette passion du deux roues.
Cela me rappelle un fameux film des sixties issu de la bikexploitation : She-Devils on Wheels. Un gang de motardes (les "Man-Eaters") écume les routes en meute, disputant un terrain à un club de mecs en voiture, appelant à la vengeance quand l’une d’elles se fait agresser. Un des rares films incluant uniquement un groupe de filles, au milieu des dizaines de films exclusivement masculin où les femmes sont juste des éléments de décor.
Alors que cette initiative est à saluer dans un milieu encore très majoritairement masculin, je ne pus m’empêcher de jeter un œil sur les commentaires et de constater un violent backlash par de valeureux utilisateurs sous couvert de l’anonymat ou du pseudonyme.
Parce qu’elles ne sont qu’entre femmes, certains les qualifient, sur le ton du mépris, de lesbiennes. Peut-être qu’elles le sont. So what ? Peut-être qu’elles ne le sont pas. Déçus ? Parce qu’en plus de se permettre de rouler à moto, de «sortir de la cuisine», de refuser d’être considérées uniquement comme des «reproductrices» ou des «ménagères», elles ne le feraient qu’entre elles, sans l’assentiment et la présence sine qua non des hommes !? Elles rentrent ainsi violemment dans le cadre normatif patriarcal hétéronormé, et il faut qu’elles soient prévenues par ces surveillants zélés.
Ce qui amène à un autre argument : pourquoi faire un évènement girls only? N’est-ce pas contraire à une idée d’équité, comme il est évoqué dans les commentaires ? Au risque de décevoir ceux qui défendent cette opinion, ce n’est pas le cas. L’idée d’un girls only permet deux choses. La première, c’est de pouvoir offrir un espace safe, libéré des menaces verbales ou physiques comme le prouvent les commentaires présentés ci-dessus. Ensuite, cela suit la même logique que la volonté d’imposer des quotas : l'omniprésence masculine est la réalité, un quota invisible qui ne souffre aucune remise en question. Imposer un quota – ou une manifestation non-mixte – permet de cette manière de laisser un espace d’expression, de liberté et d’action pour la minorité peu ou pas représentée dans les espaces existants.
Enfin, les critiques abondent par rapport à leur équipement, jugé léger voire inadapté, regrettant par la même occasion le fait que, d’habitude, les femmes auraient «plus de bon sens» ou seraient "plus intelligentes» que les hommes ; pour le sexisme bienveillant, nous sommes servi-e-s. Premièrement, il me semble que pour une vidéo similaire, mais avec uniquement des hommes, ces critiques seraient nettement moins présentes, voire absentes. Tous sont donc prompts à vouloir expliquer comment être une bonne motarde : une injonction aux femmes sur ‘comment il faut s’habiller’ pour être acceptée en tant que motarde à part entière, et cette absence d’équipement prouverait, selon eux, leur inadéquation à ce milieu. Plus encore, ils leur reprochent de prendre des risques. Prendre des risques n’est pas «féminin». Ils excluent ainsi toute considération pour leur capacité d’agir et de penser, pour leur choix de prendre ces risques, consciemment ou non, et de le vivre au même titre que d’autres motards masculins.
La route est encore longue, mais grâce à Babes Ride Out et d’autres mouvements, les choses bougent.
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