updated 8:25 PM CEST, Apr 25, 2016

Antipodes

Tandis que la Russie promulgue des lois homophobes au point que de nombreux gays et lesbiennes quittent le pays, la Californie protège les élèves transgenres en adoptant le bill text AB1266 qui les autorise à faire du sport soit avec les garçons soit avec les filles, à utiliser les vestiaires homme ou femme, idem pour les toilettes. Comment se fait-il qu'à l'heure d'Internet et de la mondialisation, de telles disparités entre pays subsistent?

La Californie qui a toujours été à l'avant-garde des combats de la communauté LGBT poursuit sa route sous la houlette du brillant gouverneur démocrate Jerry Brown qui signe une étape importante dans la lutte contre la transphobie. En donnant aux personnes transgenres le droit "de participer à des programmes, des activités et d'avoir accès à des espaces ségrégués par sexe" et de pouvoir ainsi choisir selon leur propre perception de leur identité et non pas en fonction de leur sexe civil, la loi devrait réduire les discriminations les plus criantes. Cela concerne les élèves de la maternelle au lycée avant l'entrée à l'université. Et si la Californie fait figure de précurseur en matière de droits LGBT, le Massachussets a voté le transgender equal rights bill qui interdit depuis le 1er juillet dernier toute discrimination à l'encontre des personnes transgenres en matière de travail, de logement, d’éducation et de prêts bancaires. Dans l'état du Colorado, la Colorado Civil Rights Division a fait jurisprudence en autorisant Coy Mathis, 6 ans, de sexe civil masculin, à utiliser les toilettes des filles.

Les Russes, pour leur part, ont encore du chemin à parcourir: jusqu'en 1993, l'homosexualité était un crime et jusqu'en 1999, elle était considérée comme une maladie mentale. Selon les résultats d'un récent sondage du centre Levada (ONG spécialisée dans l'étude de l'opinion publique), seulement 17% des Russes pensent que l'homosexualité est une orientation sexuelle naturelle. 43% pensent que c'est une "mauvaise habitude". Et selon 32% des personnes interrogées, elle résulte d'un trauma ou d'une maladie. L'immense majorité des Russes est conservatrice et le clergé orthodoxe donne le "la": après l'adoption par la France et le Royaume-Uni de lois autorisant le mariage entre personnes de même sexe, le patriarche Kirill y a vu "un symptôme apocalyptique" . Pour lui, il s'agit de combattre la "minorité" qui impose de telles lois. Celles et ceux qui ont le malheur de s'élever contre ce qui devient de l'homophobie d'Etat en paient le prix fort. Pavel Adelgueïm, prêtre et théologien orthodoxe de 75 ans, a été poignardé lundi 5 août dernier pour ses positions contre sa hiérarchie en faveur des Pussy Riot et des minorités. Le 9 mai à Volgograd, l'ancienne Stalingrad, Vladislav Tornovoï était tué à coups de pierres après avoir été torturé. Arrêtés, ses assassins ont avoué les faits parce qu'il était "pidor" ("pédé"). Le 30 mai au Kamtchatka, Oleg Serdiouk a été tué à coups de couteau. La liste pourrait encore s'allonger de ces crimes qui sont encouragés par le pouvoir. On comprend pourquoi les gens se cachent ou cherchent à fuir un pays criminel.

Les Jeux Olympiques de Sotchi sont dans la ligne de mire des associations LGBT qui voudraient contraindre le gouvernement russe à abroger ces lois homophobes. Des boycotts de vodka russe s'organisent dans de nombreux bars gays de la planète, une goutte d'eau face à la détermination de Poutine. A entendre les déclarations de responsables du CIO comme Sergeï Bubka ou du président de l'IAAF Lamine Diack, qui ne voit "aucun problème" dans la loi pénalisant la "propagande" homosexuelle, on se dit que la Russie n'est pas encore sur le point de prendre soin de ses élèves transgenres en leur laissant le choix de pratiquer le sport dans l'équipe des filles ou dans celle des garçons et que la piste ressemble plus au parcours du combattant qu'à celle d'un stade...

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