Combattre les insultes par le rire
- Écrit par Joëlle Rebetez
Le collectif Gendering s'attaque par le biais de l'humour aux insultes en publiant un imagier qui répertorie des termes sexistes et homophobes à l'œuvre dans la langue française. Pour mieux les dénoncer !
Sifflements, insultes ou propositions indécentes : le sexisme ordinaire se révèle en permanence - et avec une certaine obstination, vous en conviendrez - au coin de la rue, en famille ou entre collègues. Mais avant d'atterrir sur l'espace public, ses multiples expressions foisonnent d'abord dans le langage. Notre langage. Ce réservoir infini qu'on utilise tous les jours et qui, dans certaines bouches, déborde de mots ou d'usages sexistes et homophobes. Chienne ! Allumeuse ! Entraîneuse, et j'en passe et des meilleurs ! Le vocabulaire sexiste a une mission, celle de réduire la femme en objet tantôt risible, tantôt sexuel, dont on se moque gaillardement dans l'entre-soi viril et potentat. Autre cible toute désignée par ce lexique réducteur : les personnes homosexuelles. Broute-gazon ! Tante ! Grande folle ! La langue française est riche. Hélas, elle l'est tout autant lorsque certains s'en servent pour emprisonner le féminin et l'homosexualité, à grands renforts de qualificatifs forts mal placés. Reflet du temps et des modes langagières, les insultes ont évolué dans la forme qu'elles revêtent mais peu sur le fond. Le Petit imagier de vocabulaire sexiste et homophobe publié par l'association Gendering illustre cette terminologie de manière ludique et explicite. Un dessin et un mot pour prendre de la distance vis-à-vis des insultes, pour en rigoler et imaginer de nouveaux usages et détournements. Si l'imagier reste l'outil par excellence pour accompagner le développement du vocabulaire des petits, il s'avère également efficace pour pointer du doigt le sexisme et l’homophobie à l’œuvre dans la langue française. Pour un résultat fort en gueule qui ravira celles et ceux ayant choisi de combattre l'outrage par le rire.
L’imagier est en vente à la librairie Livresse, au 5 rue Vignier à Genève