Sexe, what else?
- Écrit par Nathalie Brochard
Il semble que le festival post-porno lancé par l'émiliE l'année dernière ait fait des émules: Après Rature à Genève, c'est au tour de la Fête du slip à Lausanne de s'engouffrer dans la brèche quitte à reprogrammer Dirty diaries. Quand on aime... C'est que le sexe fait toujours recette. Bon mais attention, il y a un manifeste, une intention derrière cette surexposition des sexualités, qu'on peut résumer à "je-fais-ce-que-je-veux-avec-mes-cheveux" et son pendant: "toi-aussi" (sous-entendu "fais-ce-que-tu-veux-avec-tes-cheveux"), voire "toi-même".
Du coup, nous ne résistons pas à publier un autre manifeste, celui rédigé notamment par D. Torres et B. Preciado, intitulé Manifeste pour une insurrection transféministe (en piqûre de rappel).
Nous lançons un appel à l'insurrection Trans-Féministe :
Nous venons du féminisme radical, nous sommes lesbiennes, putes, trans, immigréEs, désargentéEs, hétéro-dissidentEs... Nous sommes la rage de la révolution féministe et nous voulons montrer les crocs; sortir des bureaux du «genre» et des politiques du «correct» car notre désir qui nous guide est politiquement incorrect, dérangeant, réflexif et redéfinissant nos mutations.
Désormais il ne nous convient plus d'être seulement des femmes.
Le sujet politique féministe «femmes» est maintenant trop étroit pour nous, réducteur par nature, laissant sur le bord de la route les lesbiennes, les trans, les putes, les voilées, les sans-papières, celles qui gagnent peu et qui ne font pas d'études, celles qui crient, les pédales...
Nous dynamitons la binarité de genre et de sexe en tant que système politique. Nous suivons la route entamée par le «on ne naît pas femme, on le devient», nous continuons à démasquer les structures de domination, la division et la hiérarchisation. Si nous n'apprenons pas que la séparation homme/femme est une construction sociale, comme l'est la structure hiérarchique qui nous opprime, nous renforcerons la structure qui nous tyrannise : la frontière homme/femme.
Chacun de nous produit le genre, il est temps de produire de la liberté! Battons-nous avec nos genres infinis....
Nous réclamons la réinvention du désir, la lutte pour la souveraineté de nos corps face à tout régime totalitaire. Nos corps nous appartiennent! Comme nos propres limites, mutations, couleurs et transitions.
Nous n'avons pas besoin de protection dans les décisions que nous prenons au travers de nos corps, nous changeons de genre, nous sommes celui que nous voulons : travestiEs, lesbiennes, fem', butch, putes, trans, nous portons le voile ou nous parlons wolof; nous sommes organisées : une bande furieuse.
Nous appelons à l'insurrection, à l'occupation des rues, aux blogs, à la désobéissance, à ne pas demander de permission, à créer des alliances et des structures propres; ne nous défendons pas, faisons en sorte qu'ils nous craignent!
Nous sommes une réalité, nous opérons dans différentes villes et contextes, nous sommes en lien, nous avons des objectifs communs et vous ne nous ferez plus taire. Le féminisme ira par-delà les frontières, transformateur transgenre ou ne sera pas, le féminisme sera trans-féministe ou ne sera pas.
Nous vous aimons.
Réseau PuteGouineNoireTransFéministe /
Rete PutaLesboNeraTransFemminista.
Pourquoi ce rappel, me direz-vous ? Pour injecter un peu de politique à la Fête du Slip qui en manque un poil. Pour le reste, vous risquez de passer un très bon week-end, les films, les DJ's et l'offre culturelle du festival étant de bonne facture. Qui plus est, estampillé Fondation Emilie Gourd, décidément à la pointe du post-porno !
La Fête du Slip
Rue des Crêtes 8
1018 Lausanne
http://lafeteduslip.ch
Date: 8-9-10 mars