Sexboxes à Zurich, une idée très XIX ème
- Écrit par Nathalie Brochard
A l'heure où la ville de Zurich annonce l'ouverture fin août des sexboxes, sortes de drive-in du fast-sexe tarifé, se pose à nouveau le sempiternel débat sur la prostitution : depuis le XIXe siècle, les féministes abolitionnistes combattent la sexualité tarifée, réglementée et encadrée par les autorités. Cette mesure votée par le peuple zurichois permettrait, selon la police, à quelque 235 travailleuses du sexe possédant une autorisation d'exercer leur métier en toute tranquillité.
Oui c'est un retour au XIXe siècle, puisque si ces boxes ne sont pas des maisons closes, elles limitent le territoire de la prostitution, l'organisent et le contrôlent. Les autorités répondent ainsi au besoin de sécurité de la population, de morale, d'ordre et de santé publics. Encore un petit effort et l'activité sera prise en compte dans les statistiques officielles de l'OFS qui analysera comment l’industrie du sexe contribue à la croissance du PIB et soutient l'emploi.
Mais ce qui intrigue surtout c'est le côté pratique de la sexbox. Pratique pour qui ? Le client ? La travailleuse ? Dans ce contexte, la prostitution s'adresse d'abord à l'homme hétérosexuel consommateur. Les autorités pensent en priorité au client qui arrive en voiture et qui paie un service. De ce point de vue, cela justifie le box à l'abri des regards. Le confort de la travailleuse est secondaire, la ville de Zurich prévoit tout au plus des assistantes sociales sur place. Pourquoi cette différence de traitement ? Parce que la figure du client s'est construite de manière positive tout au long de l'Histoire, tandis que celle de la prostituée est un repoussoir, associé à la débauche. L'hygiénisme à l'oeuvre dans le monde médical du XIXe siècle légitime ce schéma de pensée en lavant l'homme de tout soupçon d'exploitation du corps des femmes. La norme sociale qui prévaut est celle des prostituées assouvissant les besoins des hommes, quoi de plus naturel ! Dame-nature justifie tellement de choses... C'est précisément ce qui fonde le réglementarisme. Mais alors, sous couvert de protéger la société et de veiller à sa bonne marche, que font les autorités pour les travailleuses ?
Photo ville de Zurich