L'initiative contre les femmes
- Écrit par Nathalie Brochard
A la veille de la votation du 9 février 2014, les citoyen-ne-s se mobilisent et prennent la mesure de ce que le non-remboursement de l'avortement engendrerait pour la société. Les comités constitués pour défendre ce droit fondamental pour les femmes appellent à une grande manifestation le 18 janvier prochain et précisent une nouvelle fois les raisons de cet engagement.
Les principaux comités, le Comité ALG et le CLAC rappellent que l'avortement est un droit. En 2005, le Tribunal Fédéral l’a inscrit comme liberté personnelle garantie par la Constitution. En outre, la Convention de l’ONU sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes, que la Suisse a ratifiée, prévoit notamment que les Etats doivent assurer «les droits de décider librement et en toute connaissance de cause, du nombre et de l’espacement des naissances et d’avoir accès (…) aux moyens nécessaires pour leur permettre d’exercer ces droits». Un droit impossible à exercer n’en est plus un : l’avortement doit donc rester dans les prestations de la LAMal comme moyen de mise en œuvre effective du droit à l’avortement
L'initiative "L'avortement est une affaire privée" tend par ailleurs à dégager les hommes de leur responsabilité en termes de contraception et de grossesse, alors qu'ils sont directement concernés. Le fait que les initiants soient majoritairement des hommes signifie-t-il que l'idée derrière tout ça est : la grossesse, les enfants c'est une affaire de femmes, la société (des hommes) ne va pas payer pour elles. Un raisonnement digne de la préhistoire.
L'autre point visé par les comités de défense concerne la mise en danger des femmes. Le non-remboursement de l'avortement condamnerait les femmes les plus pauvres à recourir à des moyens de fortune avec des complications (infections, hémorragies stérilité etc) coûteuses pour l'assurance-maladie. Le risque de mortalité lié à ces pratiques est très élevé, en atteste toute l'histoire des femmes.
Or l'argument économique des initiants est dérisoire à en juger par les calculs : le non-remboursement de l'avortement générerait une économie de moins de 0,03% des dépenses totales de l'assurance de base, soit une baisse des primes de 20 centimes par mois et par assuré. Le coût des avortements pratiqués en Suisse revient à moins d'un franc par assuré, et contrairement à ce qu'insinuent les anti-avortements, le nombre d'IVG n'a jamais augmenté depuis 2002, date à laquelle ils ont été remboursés par l'assurance-maladie. Par contre, le coût des conséquences médicales engendrées par les avortements clandestins risque d'annuler la brillante économie de 20 centimes…
Surtout, le corps des femmes leur appartient. La responsabilité de vouloir et pouvoir avoir un enfant leur revient en priorité. Les raisons de leur choix ne regardent personne, mais la protection de ce droit doit être impérativement une affaire publique, car toutes n’ont pas les mêmes capacités à le faire respecter.
Alors faites-le savoir haut et fort. Le 18 janvier, manifestez!
Genève, à 14h, rue du Mont-Blanc
Lausanne, à 14h, place St-François
Plus d'infos: www.le-clac.ch et www.comite-alg.org