Victoire!
- Écrit par Nathalie Brochard
L'initiative "financer l'avortement est une affaire privée" a été massivement rejetée par 69,8% des votants et dans tous les cantons, sauf en Appenzell Rhodes-Intérieures. La forte mobilisation féministe a permis d'alerter la population sur le risque du non-remboursement de l'avortement et sur les fausses économies que générerait pareil retour en arrière. Les interruptions volontaires de grossesse continueront donc à être remboursées par l'assurance-maladie.
C'est en Suisse romande que le rejet s'est exprimé de manière la plus tranchée. Vaud repousse l'initiative par 89,1%, Genève par 86,2%, Neuchâtel par 83,9%, le Jura par 79,8% et Fribourg par 76,3%. A noter en Suisse alémanique, un signal fort donné par Bâle-Ville (75,4%), Zurich (70,1%) et Bâle-Campagne (70,3%). Berne a refusé l'initiative avec 67,9%.
Les initiant-e-s ne l'emportent que dans un des deux bastions catholiques qui avaient rejeté le régime dit du délai en 2002. Appenzell Rhodes-Intérieures a dit oui à 50,9% tandis que le Valais se prononçait contre l'initiative à 70,8%. Pour la coprésidente du comité d'initiative et coprésidente du Parti évangélique genevois, Valérie Kasteler-Budde, le peuple a mal compris le sens de cette initiative : "Les gens ont pensé qu'on s'attaquait aux femmes, or l'idée était plutôt de responsabiliser le couple et de redonner la parole aux hommes". Elle a sous-entendu ne pas en rester là et pense que cette thématique qui touche des aspects importants de la vie reviendra sur le devant de la scène.
Le CLAC (Collectif pour la liberté de l'avortement et de la contraception) s'est dit soulagé à l'annonce des résultats. Pour le comité, il s'agit d'une "vraie claque que le peuple suisse a assénée aux milieux rétrogrades qui attaquent les droits des femmes et donc de la société entière". Il prévient qu'il s'opposera avec la même détermination aux éventuelles attaques à venir "notamment une autre initiative contre le droit à l’interruption volontaire de grossesse, et celle contre l’éducation sexuelle à l’école".
Le Comité pour l'avortement libre et gratuit poursuit son combat en affichant sa solidarité avec les Espagnol-e-s et en manifestant aujourd'hui à 11h30 devant le consulat d'Espagne (voir notre agenda).