Violences domestiques, quel bilan?
- Écrit par Nathalie Brochard
Alors qu'on se félicite de la baisse de la criminalité à Genève, le procès de cet homme qui a comparu hier devant le Tribunal correctionnel pour avoir battu sa femme vingt heures durant laisse perplexe. La violence domestique ne serait-elle pas si grave aux yeux des politiques ?
Genève est l'un des deux cantons où la criminalité baisse. Une victoire que le Département de la sécurité savoure et fait savoir. Mais, il y a un point noir : les violences conjugales sont, elles, en forte hausse. Alors bien sûr dans ces cas-là, il est de bon ton de minimiser : ces chiffres sont dus au fait que les victimes déposent plainte plus volontiers… Et il est toujours intéressant de voir ce qu'on fait dire aux chiffres. La remarque qui accompagne le rapport d'activité 2013 précise que "l'intensité de cette violence reste un sujet de préoccupation". C'est tout ?
Lorsque Pierre Maudet prenait les commandes du département, il confiait pourtant à l'émiliE qu'un de ses principaux chantiers "englobe la thématique des violences au sens large et en particulier celles faites aux plus vulnérables (personnes âgées, enfants, femmes)". Il souhaitait un renforcement du travail à ce niveau. Le bilan après deux ans n'est pas fameux. Marylène Lieber, professeure de sociologie à l'Université de Genève, spécialiste de ces problématiques, recommandait dans une interview publiée dans nos pages la nécessité "d'éduquer les enseignant-e-s, les policiers-ères et les magistrat-e-s pour les inciter à être moins tolérant-e-s sur les violences à l'égard des femmes". Les associations font leur travail mais les moyens doivent être considérablement renforcés pour arriver à un quelconque résultat.
La femme qui a été battue pendant vingt heures a de la chance d'être en vie. Faut-il qu'il y ait homicide pour que le pouvoir se bouge?
Photo Le tram Violences domestiques du Canton de Genève