Le WEF économise... sur les femmes
- Écrit par Hellen Williams
Le Forum économique mondial de Davos (WEF), qui se tient jusqu’au 24 janvier, réunit cette année 17% de participantes. Une nette stagnation puisqu’il accueillait 17% de femmes en 2013 et un maigre 15% l’an dernier. Pourquoi continuer à s'étonner de leur absence chronique dans ce lieu symbolique du pouvoir?
D’après David Yanofsky, du site qz.com qui décortique l’événement chiffres et statistiques à l’appui, la conférence annuelle, ouverte aux grand-e*-s de ce monde sur invitation uniquement, encouragerait les entreprises à y envoyer leurs cadres féminines en offrant une invitation supplémentaire à celles qui le font. Cette récompense, cependant, ne semble pas en allécher beaucoup : comme le révèle qz.com, sur 2872 participant-e-s, seules 491 sont des femmes.
Pour Saadia Zahidi, dirigeante du Programme pour l’Egalité du WEF (Gender Parity Programme), l’inégalité de genre à Davos ne fait que refléter la situation mondiale. Une réponse surprenante de la part d’un groupe de travail censé améliorer l’accès des femmes aux postes de pouvoir, dans un site qui rassemble en un seul espace et au même moment l’ensemble de celles* et ceux qui ont le pouvoir de mettre fin aux discriminations…
En effet, si la planète est encore et toujours un endroit sexiste, raciste et classiste, ce n’est pas par hasard, mais bien parce que le groupe dominant au pouvoir, en majorité blanc et mâle, réuni comme tous les hivers dans son nid VIP du WEF s’accroche à son territoire comme une moule à son bouchot. Faisant fi de nombreuses études récentes, dont celle, notamment, du Crédit Suisse datant de Septembre 2014 (The CS Gender 3000 : Women in Senior Management) qui assurent qu’une plus grande parité au niveau directorial débouche sur de meilleurs résultats financiers.
Un fait confirmé par Michel Ferrary, dans son étude des entreprises du CAC40 sur la période entre 2002 et 2006. Ce professeur à la faculté de sciences économiques et sociales de l’Université de Genève a constaté que «les entreprises ayant un taux de féminisation de leur encadrement supérieur à 35% ont des performances supérieures aux autres en matière de croissance, de rentabilité, de productivité du travail et de création d’emplois".
Hôte de la conférence, la Suisse n’envoie que 14% de femmes sur 280 participants. Loin derrière l’Autriche (37,5%), le Kenya, et les Philippines (33%) qui sont les pays qui se rapprochent le plus de la parité en termes de participant-e-s. Dans ces conditions, que penser du slogan du World Economic Forum, Committed to improving the State of the World (Déterminés à améliorer l’état du monde, ndlr)? Pourrions-nous espérer un jour qu’il s’agisse de TOUT le monde et pas seulement du monde des dominants, pâle et mâle?
Source : World Economic Forum / Quartz – qz.com
*espèces rares