Egalité: Oui -65 ans: Non!
- Écrit par REDACTION
En vue de la grande manifestation du 7 mars prochain à Berne, un collectif romand pour l’égalité se mobilise afin de combattre le projet Berset de « Réforme Prévoyance vieillesse 2020 ». En jeu notamment , l’allongement de l’âge de la retraite pour les femmes à 65 ans et l'affaiblissement de l’AVS au profit du 2ème pilier moins solidaire et moins égalitaire.
Composé de l’Association pour le droit de la femme (ADF) section vaudoise, AVIVO, d’Espace Femmes Fribourg, de Feminista, de Gauche Anticapitaliste, des Verts vaudois, de la Marche mondiale des femmes, du Mouvement pour le socialisme, de MPS/BFS, POP/PST, SEV, de solidaritéS, de SSM, SSP, de Syndicom, d’Unia, d’USFr et d’USV, ce collectif organise différentes actions en prévision de la marche du 7 mars. Samedi dernier, à l’occasion de la Saint-Valentin, pour représenter ce cadeau empoisonné, les militant-e-s ont offert des tiges d’épines sans leurs roses au marché de Lausanne. Jeudi 19 février à 20h au Buffet de la gare, toujours à Lausanne, se tiendra une conférence intitulée « Quel avenir pour nos retraites ? ».
Egalité : Oui-65 ans : Non !
La « Réforme de la prévoyance vieillesse 2020 » ou « paquet Berset » prévoit tout à la fois l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et la réduction de la rente de veuve sans enfants ou avec des enfants adultes ; l’augmentation de la TVA (liée à l’acceptation des deux mesures précédentes) ; la réduction du financement de la Confédération ; la baisse du taux de conversion ; l’augmentation des cotisations au 2e pilier et l’introduction d’un mécanisme de contrôle qui prive le peuple du droit de décider de l’avenir de la prévoyance vieillesse. Le tout en laissant croire qu’il s’agit d’une réforme équilibrée qui va permettre de maintenir le niveau des rentes.
L’AVS plus favorable aux femmes
Comme il y a dix ans, lors de la 11e révision de l’AVS, alors rejetée par le peuple, les mesures d’économies se font presque exclusivement sur le dos des femmes : 1,1 milliard d’économies pour la retraite à 65 ans, 400 millions pour la réduction de la rente de veuve, 100 millions de cotisations supplémentaires. Pour « équilibrer », il est dit que davantage de femmes auront accès au 2e pilier. Mais à quel prix ? Et avec quelles garanties sur le niveau de rente qu’on touchera dans 30 ans, alors que le taux de conversion serait réduit de 6,8% à 6% ?
Le 2e pilier est axé sur le modèle masculin d’emploi à plein temps pendant toute la vie active et défavorise de nombreuses femmes qui, à cause de la discrimination liée au sexe sur le marché du travail, touchent des salaires plus bas. Les femmes sont aussi défavorisées par l’emploi à temps partiel, la moindre valorisation des métiers dits féminins et les variations plus grandes de leurs parcours de vie.
Une fois à la retraite, les inégalités n’en sont que plus prononcées : la rente médiane du 2e pilier des femmes est de 45% inférieure à celles des hommes, alors que la rente AVS est la même ! Seules 57% des femmes ont un 2e pilier et à peine 25% un 3e, mais toutes sont couvertes par l’AVS.
Le « paquet Berset » propose de faciliter l’accès au 2e pilier pour les bas salaires. Mais cette mesure coûtera cher en cotisations et son impact reste incertain, au vu de la baisse constante des rentes du 2e pilier. Seul un renforcement de l’AVS, avec son fonctionnement solidaire et égalitaire, profiterait donc réellement aux femmes.
65 pour les femmes aujourd’hui, 67 pour tout le monde demain
Les milieux patronaux ne s’en cachent pas : ce qu’ils veulent c’est augmenter l’âge de la retraite des femmes et réduire le taux de conversion à 6% tout de suite, puis introduire un automatisme pour augmenter l’âge de la retraite à 67 ans pour toutes et tous.
Les finances de l’AVS sont saines
Pour justifier la réforme des retraites, le Conseil fédéral prétend que les finances de l’AVS sont en danger. C’est un argument récurrent qui a toujours été démenti par les faits : en 1997, le Conseil fédéral annonçait un déficit de 15 milliards pour l’année 2010, alors que, cette année-là, l’AVS a finalement clôturé avec un… excédent de 2 milliards. En 2013, les comptes de l’AVS ont encore dégagé un bénéfice de près d’un milliard de francs. Pas de quoi paniquer donc. D’autant plus que les cotisations à l’AVS n’ont pas augmenté depuis 1975 et ce malgré la hausse constante de l’espérance de vie durant la même période. Une preuve de plus que l’AVS est une assurance saine et durable.
Les rentes du 2e pilier otages des marchés financiers
Le « paquet Berset » impose de verser encore plus d’argent au 2e pilier. Pour le collectif, c’est un mauvais plan pour les retraites. Le 2e pilier est un système opaque, qui rend les cotisant-e-s otages des marchés financiers. Les caisses de pensions et les assurances gèrent un immense capital de 750 milliards de francs, constitué des avoirs vieillesse des travailleurs-euses. Cet argent est investi en bourse et dans l’immobilier, nourrissant le système spéculatif : en 2008, des milliards de francs ont été engloutis dans la crise financière, ce qui pourrait se reproduire, comme le montre le débat en cours suite à la décision de la Banque nationale de renoncer au taux plancher du franc suisse par rapport à l’euro. L’idée est d’empêcher les financiers de jouer les retraites des gens en bourse.
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Photo © Commission Femmes SSP-Vaud