Le roller derby fait des petits
- Écrit par Nathalie Brochard
Ce sont les dernières arrivées sur la piste, les Rolling Furies de Lausanne. Après les GVA Roller Derby Girls, les Leman'Wheels genevoises également ou les Zürich City RollerGirlz, les petites nouvelles espèrent bien donner du fil à retordre à leurs aînées ! Mais qu’est-ce qui les fait tourner encore et toujours ? Retour sur une pratique qui connaît un renouveau sous l’impulsion des féministes.
Inventé aux Etats-Unis à la fin des années 30 durant la Grande Dépression, le roller derby était à la base une course d’endurance mixte. A l’époque, les marathons et les concours où les candidat-e-s doivent rivaliser d'endurance pour une récompense de quelques dollars étaient alors très populaires. Au départ, le roller derby était un marathon de marche sur une piste ovale d’une distance New York-Los Angeles. Transformé en course sur patins à roulette juste après, la discipline devint une véritable attraction. L’ambiance rappelait la foire foraine, le freak show ou le ring de boxe d’autant que certain-e-s participant-e-s jouaient des coudes et plus si nécessaire pour s’assurer une meilleure place au finish tant et si bien que la nature du sport évolua. Le public venait surtout voir des filles en patins à roulettes se battre entre elles. Les équipes étaient dès lors composées exclusivement de femmes et jusque dans les années 70, la pratique était connue sous le nom évocateur de «roller catch». Après elle tomba en désuétude et il faut attendre les années 2000 pour voir réapparaître le roller derby, à Austin (Texas) où la discipline devient beaucoup plus structurée et réglementée.
C’est en effet un de ces gars un peu malfrat un peu beau gosse, Daniel Eduardo Policarpo, alias «Devil Dan» qui flaire le bon filon en posant son équation : filles sexy + roller + castagne = argent. Il prétendait faire tourner les filles montées sur roulettes à travers le pays, toujours est-il que très vite, elles l’ont viré ou il est parti, l’affaire n’est pas claire, et elles ont pris les choses en main. Elles font alors du roller derby comme elles l’entendent et en donnent une image positive pour les femmes. Cette prise de pouvoir en constitue véritablement l’acte refondateur à la sauce féministe. Depuis, les derbistes texanes ont fait des émules partout aux Etats-Unis puisant leur inspiration dans la troisième vague féministe, le Do It Yourself punk et la pin-up attitude.
Si à l’origine, le roller derby est un moyen pour les femmes de sortir du foyer en s’assumant et en montrant leur corps, la philosophie actuelle met l’accent sur la fierté des corps féminins car sur la piste toutes les morphologies sont utiles dans le pack : de la jammeuse, l’attaquante rapide et nerveuse à la blockeuse en défense qui doit s’imposer pour faire écran, chaque équipière a son rôle à jouer. Etant donné qu’il n’existe aucun document de l'époque du roller derby classique, les règles ont été réinventées d'après des souvenirs et de vagues émissions de télé. Du coup certains groupes ont une pratique très libre sans arbitres et sans pénalités tel que le roller derby version Renegade Rollergirls, ou mixte et plus orienté vers l'offensif dans la version OSDA (Old School Derby Association).
Véritable culture alternative, le roller derby est en train de faire des adeptes partout dans le monde. Les Rolling Furies de Lausanne sont ainsi la huitième ligue de derbistes en Suisse. A quand la fédération ?
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